La spécificité de l’eau en ville est qu’elle s’inscrit tour à tour pour l’aménagement comme une contrainte (emprise importante à céder face aux stationnements ou à la mobilité, difficulté de gestion et coût financier important), comme un vecteur d’activité (ports, quais) mais aussi comme une ressource et une opportunité (réutilisation pour l’arrosage et l’irrigation, transformation du paysage vers des quartiers plus apaisés, etc.).
de gestion des eaux pluviales consistent en la collecte, le transport, le stockage et le traitement des eaux pluviales des aires urbaines. Après des décennies de solutions de gestion enterrées, des techniques dites alternatives aux réseaux d’assainissement sont désormais préconisées pour l’aménagement des villes.
la dégradation progressive des milieux aquatiques, ainsi que les effets du changement climatique obligent les collectivités à s’orienter vers des solutions fondées sur la nature.
qui visent à protéger, gérer durablement et restaurer les écosystèmes naturels. Ainsi, la gestion des eaux pluviales à la parcelle, c’est-à-dire au plus près de là où elle tombe, et l’infiltration à la source sont-elles mises en oeuvre dans ces nouveaux principes d’aménagement et construction qui permettent de créer des espaces multifonctionnels bénéfiques, non seulement du point de vue hydraulique mais également pour la santé, la préservation de la biodiversité, la renaturation des sols et l’amélioration du cadre de vie. Un jardin de pluie sert, par exemple, à la fois à infiltrer les eaux de pluie dans le sol, et également à aménager l’espace public en améliorant le cadre de vie.
Les premiers freins énoncés sont liés au contexte réglementaire. La gestion des eaux pluviales est une compétence distincte de l’assainissement et qui s’exerce différemment selon la nature de l’Établissement public de coopération intercommunale (EPCI) : métropole, communauté urbaine, d’agglomération et de communes. La gestion des eaux pluviales doit s’inscrire dans les politiques locales de l’eau intégrant la gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), compétence transférée obligatoirement aux EPCI en 2018 (loi Maptam).
pour créer des synergies et s’engager dans une gestion durable des eaux pluviales en ville.
Plusieurs agglomérations et métropoles se sont engagées dans une gestion des eaux de pluie à la source pour réduire le ruissellement, diminuer la pollution des cours d’eau et le risque inondation.
sur des projets pilotes dans des îlots, des friches, des espaces à réaménager ou réhabiliter. La désimperméabilisation d’une cour d’école, la déconnexion des toitures d’un quartier résidentiel des réseaux d’assainissement sont souvent les premiers projets mis à exécution.
à l’échelle d’un territoire communal ou intercommunal. L’objectif est de réintégrer l’eau dans le paysage urbain afin d’apprendre à vivre avec, grâce à des actions prioritaires :
peut s’enclencher grâce à un travail de cartographie des zones à potentiel d’infiltration. Une démarche propre à chaque territoire, respectant les usages des citoyens, est ensuite élaborée à partir d’un diagnostic afin de définir une stratégie et un plan d’action.
afin d’atténuer les effets de l’imperméabilisation, et notamment le ruissellement. Par exemple, l’utilisation de noues d’infiltration, pour collecter et évacuer les eaux de pluie, est inscrite dans grand nombre de guides de bonnes pratiques liées à la gestion durable de l’eau pluviale, comme ceux de Bordeaux Métropole (33) ou du Grand Lyon (69).
peuvent contribuer à cette gestion intégrée par l’installation de toitures ou murs végétalisés, par la récupération des eaux de pluie, via une cuve enterrée ou un jardin de pluie, et l’alimentation directe vers des aménagements végétalisés.
les méthodes naturelles sont également à promouvoir. L’adaptation du bâti aux conditions environnementales locales (topographie, géologie, hydrologie, etc.) réduit les impacts sur le milieu naturel et préserve les fonctionnalités d’infiltration et d’écoulement des eaux.
/Du fait de la répartition législative des différentes compétences liées à l’eau et à l’aménagement de l’espace public, le nombre d’acteurs impliqués dans le choix politique et la stratégie à porter est conséquent. En effet, la compétence « gestion des eaux pluviales urbaines » peut s’adapter à l’assainissement collectif (exemple des réseaux unitaires) ou à la Gemapi1 (exemple d’ouvrages permettant la prévention contre les inondations), et donc à deux acteurs principaux : l’EPCI ou la commune.
/C’est pourquoi un porteur doit être désigné entre les différents services dédiés à la gestion de l’eau. Ce porteur aura la vision politique et le recul technique nécessaires pour déterminer la stratégie à adopter à l’échelle du territoire.
/La gestion durable des eaux pluviales correspond à une vision intégratrice de l’aménagement urbain et de l’eau : l’eau pluviale est infiltrée au plus près de son point de chute, pour se rapprocher du cycle naturel de l’eau avant artificialisation des sols.
/Cette vision globale des problématiques à l’échelle des bassins versants favorise les solutions fondées sur la nature et la valorisation de la ressource eau plutôt que l’expansion et l’utilisation traditionnelle des systèmes urbains. Ainsi, penser l’aménagement des villes globalement, en tenant compte des eaux pluviales, rejoint les politiques de résilience des territoires face au changement climatique et les objectifs du Plan national des eaux pluviales du ministère de la Transition écologique lancé en 2021.
/La création, au sein de la collectivité, d’une entité ou d’un service dédié à la gestion des eaux pluviales peut faciliter l’organisation technique, économique, environnementale et sociétale.
/Favoriser la transversalité dès la phase de conception des aménagements permet de tenir compte des enjeux liés aux eaux pluviales. En effet, il n’est pas rare que dans une même collectivité, les noues enherbées soient gérées par le service « espaces verts », tandis que les ouvrages hydrauliques sont l’apanage du service « eau », et que les fossés restent fréquemment dans le giron du gestionnaire de voirie, sans oublier les éventuelles délégations de service public. D’où une hétérogénéité du niveau de connaissance et des convictions sur le sujet, susceptible d’entraîner des difficultés dans la mise en oeuvre d’une gestion intégrée de l’eau pluviale.
/Ainsi, bien que cela reste du ressort de l’organisation de chaque commune et EPCI, le travail en mode « projet » pour toute opération, avec l’association des différents services à chaque étape permet la mise en place d’outils, de guides d’information ou de procédures dans l’instruction. Cette structuration est fonL’eau de pluie, une amie qui refait surface • Les essentiels 9 damentale pour faciliter le travail des services et clarifier les rôles respectifs des services assainissement, aménagement et urbanisme.
/Une culture de l’eau est à fonder au sein de la collectivité et même au-delà. Cela passe par la mobilisation de tous les acteurs : élus communaux, services techniques et urbanistes, aménageurs, bailleurs sociaux, maîtres d’oeuvre et entreprises.
/L’efficacité des techniques inspirées par la nature (toitures et murs végétalisés, noues, jardins de pluie, etc.) souffre encore de nombreux a priori, notamment quant à la difficulté d’entretien.
/À tort, la gestion via un réseau de canalisations est jugée plus simple, alors que son entretien est plus difficile et son état de détérioration ou d’usure beaucoup plus ardu à appréhender du fait de l’enterrement du réseau. C’est le changement des pratiques qui est au coeur des réticences.
/La clé d’un entretien et d’une maintenance facilités est la prise en compte de ces aspects dès la conception des ouvrages et espaces dédiés à la gestion pluviale, qu’ils soient publics ou privés.
/De plus, la multifonctionnalité des espaces et l’éducation des acteurs aux bénéfices écosystémiques que l’on peut retirer d’un tel mode de gestion sont à développer. Ainsi, former et sensibiliser les acteurs aux solutions fondées sur la nature permettent une meilleure intégration des projets.
Tous les espaces urbains peuvent contribuer à l’infiltration, l’évaporation et l’utilisation de l’eau de pluie. L’eau peut être retenue là où elle tombe, sur une toiture, une cour, un jardin, un trottoir, etc. Il s’agit donc de travailler sur la trame de la ville existante et de rechercher toutes les opportunités possibles à l’échelle de son propre cycle de l’eau. La méthode du Cerema consiste à élaborer un diagnostic cartographique fondé sur le potentiel des sols à infiltrer croisé à l’imperméabilité du territoire afin de définir un plan d’action.
Le Cerema est un établissement public qui apporte son expertise pour la transition écologique, l’adaptation au changement climatique et la cohésion des territoires. Grâce à ses 26 implantations partout en France, il accompagne les collectivités dans la réalisation de leurs projets. Le Cerema agit dans 6 domaines d’activité : Expertise & ingénierie territoriale, Bâtiment, Mobilités, Infrastructures de transport, Environnement & Risques, Mer & Littoral.