Les territoires sont soumis à divers risques majeurs. Face à cette exposition, la prévention et la gestion des risques représentent un important enjeu économique, environnemental et surtout de sécurité. L’information préventive et la sensibilisation des populations et décideurs constituent un principe fondamental de cette politique. Une population bien informée et au fait des bons comportements est plus résiliente et moins sensible aux risques.
De plus, l’information sur ces phénomènes, selon les modes de communication retenus, peut s’avérer peu attractive et anxiogène. Qu’elle soit liée à l’aléa, au risque ou à la manière d’agir ou de réagir en temps de crise, la connaissance constitue le fondement de la culture du risque, mais encore faut-il qu’elle soit assimilée. La transmission et le partage sont donc essentiels. Ces deux notions prennent forme notamment dans une démarche de mémoire active vis-à-vis des évènements passés. Afin d’apprendre à vivre avec le risque, la connaissance doit être pleinement intégrée. Enfin, la prévention du risque ressort d’une prise de responsabilité, qu’elle soit individuelle (en tant que citoyen) ou collective (c’est-à-dire attribuée à la société, aux décideurs, aux experts.)
Celle-ci doit permettre d’acquérir des règles de conduite et des réflexes, mais aussi de débattre collectivement des pratiques, positionnements et enjeux. En faisant émerger des comportements adaptés lorsqu’un évènement majeur survient, cette culture permet une meilleure gestion du risque.
Huit risques naturels principaux sont prévisibles sur le territoire national : inondations, séismes, éruptions volcaniques, mouvements de terrain, avalanches, feux de forêt, cyclones et tempêtes. Les risques technologiques majeurs sont au nombre de quatre : risque nucléaire, industriel, lié au transport de matières dangereuses et risque de rupture de barrage.
Plus d’informations sur www.georisques.gouv.fr
L’information préventive est délivrée par les autorités publiques dans le cadre de la politique de prévention des risques. Le Document départemental des risques majeurs (DDRM), sous la responsabilité du préfet, recense les risques dans le département. La Commission départementale sur les risques naturels majeurs est aussi un levier d’information et sensibilisation des décideurs. En découle, sous la responsabilité du maire, une série de démarches obligatoires qui apporte une représentation actualisée des phénomènes auxquels sont soumis les territoires. Mais pour tendre vers une réelle culture du risque, il est nécessaire, au-delà de ces outils, de mettre en place une démarche complète d’animation locale. L’enjeu n’est pas uniquement le respect d’une obligation réglementaire mais une mission de sécurité publique en évitant notamment des pertes humaines et économiques.
En effet, l’appropriation d’une information transmise de manière descendante se révèle limitée dans sa portée en raison de son peu de visibilité, de son aspect anxiogène ou de la réaction de déni qu’elle génère. C’est pourquoi il est souhaitable que soient mises en oeuvre des méthodes de communication participatives permettant aux populations de se sentir directement impliquées.
La sensibilisation cherche à susciter l’intérêt et l’éducation vise à transmettre des connaissances essentielles par un partage d’expérience ou de point de vue. Ces deux procédés invitent davantage les citoyens à s’interroger quant à leur connaissance, perception et exposition au risque sur leur territoire de vie. La perception du risque est un facteur important pour engager chacun à se protéger par des dispositions et des comportements adaptés.
Le maire a la responsabilité de transmettre à ses administrés tous les éléments d’information sur les risques existant sur sa commune (article L.125-2 du Code de l’environnement), notamment via le DICRIM (document d’information communal sur les risques majeurs) qui décrit les phénomènes, leurs conséquences, les mesures de prévention, protection et sauvegarde mises en oeuvre ainsi que les moyens d’alerte.
Plus d’informations sur www.gouvernement.fr/risques/les-collectivites
Le diagnostic territorial identifie les aléas, les enjeux, les outils et les acteurs déjà en place, mais aussi les difficultés quant à la perception des risques par les populations.
Quelles sont les obligations d’information préventive ? Comment les mettre en oeuvre, les accompagner, les actualiser ? Telles sont les questions à se poser. Il faut s’interroger sur les modalités de l’appropriation de ces documents par les citoyens afin qu’ils aient une réelle portée sur leur appréhension du risque et leur capacité à y répondre de façon adaptée. la nature en ville ;
Au-delà de la stricte information, des procédés de sensibilisation ou d’éducation permettent de mieux appréhender les risques d’autant plus s’ils s’adaptent aux contextes locaux. De nombreuses actions de renforcement de la culture du risque ont été initiées ces dernières années. Si elles présentent une grande variété de porteurs, périmètres, cibles ou formats, elles convergent cependant sur les leviers à mettre en oeuvre :
Ces leviers, qui entretiennent la mémoire d’évènements passés, mettent en oeuvre des outils de sensibilisation adaptés et placent le citoyen au centre de la démarche. Ils participent à renforcer la culture du risque.
/ Faire témoigner
Le
message favorisant le développement de la culture du risque peut être
délivré par divers profils. Les témoignages (scientifiques ou vécus)
apportent une autre parole,qui peut être extérieure et impartiale ou
a contrario empreinte d’émotions pour ceux qui ont vécu les évènements.
/ Commémorer un évènement
marquant du passé
La commémoration constitue une opportunité
pour développer la culture du risque et notamment raviver les
mémoires. Si la mesure doit être réfléchie et adaptée lorsque
l’évènement fut la source de traumatismes importants, une journée de
commémoration est l’occasion, au travers d’activités pédagogiques,
mémorielles, de rendre perceptible la vulnérabilité d’un territoire aux
risques.
/ S’appuyer sur des outils ludiques
et/ou pédagogiques
À travers des expériences sensorielles
ou le jeu
(livret, escape game, jeu « sérieux », balades urbaines…), il est possible
d’éduquer et former de nombreux publics : élus, décideurs, adultes ou
jeunes.
/ Utiliser les nouvelles
technologies
de l’information et de la communication
Il s’agit de s’appuyer
sur un ensemble de nouveaux modes et outils de communication, comme les
réseaux sociaux, utilisés par le plus grand nombre et notamment les
jeunes générations. De plus, recourir à la réalité virtuelle via une
appli mobile permet une mise en situation ainsi qu’une perception
augmentée.
/ Tirer parti des disciplines
artistiques
Le recours à l’art offre l’opportunité de passer
des messages dans un contexte qui apporte généralement distraction,
bien-être et facilite le processus d’apprentissage. Le travail artistique
permet d’apporter une autre vision des risques et des territoires,
car le message transmis n’est pas uniquement centré sur le risque. Il peut
s’agir d’organiser une sortie au musée, de créer une pièce de théâtre, de
projeter un film (fiction ou reportage), d’organiser un concours d’écriture,
photographique ou de dessin.
/ Recourir aux sciences participatives
ou aux méthodes collaboratives
Ce type de format permet de placer les
participants au centre de la démarche. En effet, la personne dans un rôle
participatif est incitée à ne plus subir le risque mais à devenir acteur de son
territoire pour apprendre à vivre avec le risque. Ces méthodes présentent
l’avantage de créer du lien entre les populations, de favoriser des lieux de
rencontre et de partage d’une culture commune du territoire vis-à-vis des risques
encourus. L’exemple des exercices de gestion de crise « grandeur nature »
illustrent bien ce levier.
/ Changer de regard sur les risques
Afin de sortir du déni et de dépasser le catastrophisme, le but est de faire
percevoir les bénéfices que représentent pour le citoyen les composantes naturelles
de son environnement comme l’eau, la forêt, la montagne, le littoral... Le discours
s’ancre dans d’autres politiques telles la préservation des milieux naturels ou
l’aménagement du territoire. Il s’agit de s’intégrer durablement dans son territoire
en adaptant sa stratégie de prévention des risques et notamment en développant
l’aménagement résilient (du tout protection au repli stratégique en passant par
l’adaptation du bâti).
Des leviers pour sensibiliser au risque sismique à Arette (Pyrénées-Atlantiques)
En août 2017, la collectivité avec ses partenaires a mené pendant six jours une action globale de culture du risque sismique autour de la commémoration du séisme qui l’avait durement touché 50 ans auparavant. Cet évènement de grande ampleur fut l’occasion de rassembler habitants, touristes, élus, scientifiques et artistes autour d’une diversité de formats de communication : expositions avec notamment un simulateur de séisme, parcours dans la ville avec des architectes sur la reconstruction, conférences avec des experts, compte sur les réseaux sociaux pour cet évènement et prestations artistiques (inauguration d’une sculpture du clocher détruit par le séisme, concert et scénographie).
Le Cerema possède une expertise reconnue sur la gestion de patrimoine d’infrastructures construite principalement autour des chaussées et des ouvrages d’art. Cette expertise s’enrichit des savoir-faire dans le domaine de l’environnement, des risques et de la mobilité et sur la résilience des infrastructures. Il est donc en mesure de vous accompagner dans la mise en oeuvre de la démarche globale ou sur des problématiques spécifiques de votre réseau.
Le Cerema est un centre public de ressources et d’expertises scientifiques et techniques interdisciplinaire. Exerçant son activité au plan national et territorial, il accompagne les collectivités dans la réalisation de leur projets, notamment sur les champs de l’aménagement, l'urbanisme, la mobilité, les transports, l'énergie, le climat, l’environnement et la prévention des risques.